MOLEX ETATS-UNIS

UNE RÉPLIQUE POLITIQUE ADAPTÉE S'IMPOSE FACE A UNE STRATEGIE NEO COLONIALE

 

Par Jean Philippe Tizon

 

Le capitalisme à visage humain, annoncé par l'hôte élyséen pour contre balancer les effets désastreux aux plans politique et idéologique des pratiques de faillites frauduleuses, les placements à risque des banques, les spéculateurs et autres « traders » ou fraudeurs légaux, ressemble à une annonce publicitaire digne d'un Jacques Séguéla, homme à la Rolex, s'il en est. Objectif, redonner un visage convenable à un modèle de société contrôlé par des voyous en col blancs. Il faudra dorénavant s'y faire, l'image de la respectabilité ne se veut pas la respectabilité. De plus, quand un des objectifs consiste à priver une nation, voire un ensemble de nations, de leurs outils compétitifs de production, source de leur indépendance économique, ne sommes-nous pas en droit de nous demander si nous ne sommes pas confrontés à une pratique néo coloniale voire néo féodale de contrôle de territoires politiques et économiques donnés ? Ce contrôle n'est-il pas mené avec l'assujettissement conscient ou aveugle des gouvernants et des « grands » décideurs en place en France et au sein de l'Union Européenne ? Le cas de l'entreprise Molex de Villemur n'illustre-t-il pas parfaitement les problématiques posées ?

 

Le ciment du conflit :

le maintien et le développement

de l'usine

 

Depuis dix mois, les salariés (es) du site de Villemur sur Tarn conduisent une lutte homérique et exemplaire. Cette lutte deviendra, dans les années à venir, sûrement un cas d'école pour les tenants du tout libéralisme et pour leurs opposants. Cette cité de la vallée du Tarn ne s'est jamais illustrée, au cours du siècle passé, par sa combativité sociale et politique. Forts de ces éléments, les dirigeants américains de la société pensaient liquider rapidement le site. L'opération initiale qui consistait à récupérer les brevets, les moules et les savoir-faire français en expropriant, version western, les salariés (es) étaient presque en voie d'aboutissement. Les Grands Leaders bien aimés Molex trouvaient peut-être une similitude entre ce Sud-Ouest profond et la conquête, sans foi ni loi, de l'Ouest américain. Les salariés en ont décidé autrement. Certains parleront de réactions tardives parce que pour eux, il aurait fallu réagir lors de la vente par la SNECMA à Molex quatre ans plus tôt. Quoiqu'il en soit, la sauce tex-mex ne passe absolument pas. La résistance s'organise rapidement tant sur le plan juridique, sur le plan médiatico-politiques que symbolique, à laquelle s'ajoute une mobilisation sans précédent. A Villemur, à l'automne 2008 des milliers de personnes ont manifesté leur soutien à des salariés dénonçant une décision d'autant plus inique que le site reste bénéficiaire, que les débouchés existent tout comme un avenir dans ce secteur de la connectique automobile.

Une telle durée de conflit s'explique sûrement par une unité syndicale sans faille, une transparence dans les décisions prises par les syndicalistes en lien étroit avec les salariés, une réaction rapide face aux provocations de la direction, un soutien des citoyens (nes) et élus de gauche peu habitués à une telle situation dans ce coin de Haute-Garonne. Le ciment du conflit vient, élément nouveau dans ce type de contexte, du rejet majoritaire d'une politique d'accompagnement social, sucrerie douce amère permettant de faire avaler l'inacceptable, au profit d'une stratégie de maintien et de développement du site. Les salariés ne veulent pas, même s'ils ne l'écartent pas, d'un pactole. Ils entendent avant tout défendre leur usine, leur savoir-faire, leurs outils de productions source d'avenir pour eux et les petites villes de cette vallée. Ils s'inscrivent dans le maintien et la revalorisation du travail source de valeur ajoutée comme le scandait un certain Sarkozy lors de la campagne présidentielle.

 

Face à l'arrogance

une réponse

uniquement politique

 

Leur positionnement se veut une épine dans le pied du pouvoir politique UMP en place, mais aussi du MEDEF. Dans le registre des engagements généraux pris la main sur le cœur et non tenus, le cas Molex reste symptomatique. Dans le chapitre, la trahison vient de ses propres amis, l'autre épine du pied arrive de Molex Etats-unis. Voici une Compagnie qui décide de passer outre le Droit français (droit du travail, droit pénal, etc) et l'intégrité politique,juridique, sociologique de notre République. Une attitude qui en dit long sur le ressenti Yankee sur les Frenchies et sur le respect d'une nation de droit par une multinationale états-unienne.

Une telle arrogance nécessite de la part du pouvoir politique français en place un sévère avertissement à l'entreprise en question et une adresse en ce sens à Washington. Allié ne veut pas dire asservissement économique et politique d'une des parties, mais respect mutuel. Un silence de l'Elysée et /ou de Matignon serait d'autant plus mal vécu qu'il laisserait la porte ouverte à toute forme d'ingérence négative pour l'intérêt à la fois de la République voire de l'Europe et conforterait une telle démarche néo-coloniale pour d'autres.

Dans un passé récent, le Président, alors ministre de l'Intérieur, a fait montre d'un franc parler hors pair pour critiquer auprès de Georges Bush junior la décision du gouvernement de la République auquel il appartenait, non seulement de ne pas suivre la Maison Blanche dans le conflit Irakien mais de contester une telle aventure. Une telle « audace » verbale, non sanctionnée – les mêmes auraient sûrement demandé la démission des ministres communistes français de F. Mitterrand si ces derniers avaient eu l'audace de critiquer la politique française à Moscou- ne demanderait-elle pas aujourd'hui a minima une nouvelle « bravade » en demandant un renvoi d'ascenseur politique au Président Obama, surtout si ce dernier ne sert plus une soupe chauvine et réactionnaire ? Peut-être que le gouvernement en place se trouve également coincé dans un conflit d'intérêt. Une ministre en vue, n'était-elle pas avocate d'affaires outre Atlantique et ne conseillait-elle pas les « Grand Leaders Bien Aimés » de Molex ?

 

Collaboration

ou résistance.

 

Aujourd'hui, les irréductibles gaulois de Molex, bien que fatigués physiquement, entendent maintenir en vie leur usine. La réponse à leur lutte est éminemment politique. En six mois, malgré le ralentissement de l'activité, le site a atteint et dépassé le « point mort » ou seuil de rentabilité. Preuve s'il en est de la viabilité de l'unité de production. De plus, se pose un enjeu d'indépendance économique tant au point de vue national qu'européen, l'unité de Villemur est la dernière en Europe à pouvoir fabriquer et distribuer une connectique de qualité.

Alors tous les regards se portent dorénavant vers le gouvernement, le Président voire vers la commission européenne. Le choix est simple faut-il ou non garder un savoir faire hors pair ? Les réponses ou la non réponse définiront les choix et les alignements politiques collaborationnistes ou de maintien et de construction d'une indépendance économique nationale et européenne réelle. Les Villemuriens sauront sous peu dans quel camps se trouve le locataire de l'Elysée et ses amis.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
L
Lecteur occasionnel de votre blog, je me de dois de réagir à certains de vos propos avec entre autre<br /> -«une unité syndicale sans faille»: Qui vous a convaincu de ce dire? Un syndicat qui n’est pourtant pas né le jour de l’annonce de la fermeture du site ne figure pas dans l’intersyndicale traduisant ainsi un sectarisme que vous approuvez délibérément ce que je déplore.<br /> -«Les salariés ne veulent pas d’un pactole»:Lisez la Dépêche du14 Août , plus <br /> particulièrement les propos du délégué CGT qui en plus comme vous l’écrivez d’un «pactole» veut en sus le maintien de l’outil de travail ,(je le cite: il souhaite une ouverture rapide des discussions sur ses revendications notamment le maintien de l’outil de travail ET les indemnités de licenciement) qui peut le plus peut le moins…, on s‘habitue vite au fric qui tombe du ciel, combien a déjà touché ce syndicaliste lors d’un procés contre molex pour discrimination syndicale???<br /> -«En six mois le site a dépassé le seuil de rentabilité»:Vous ne pouvez pas écrire une telle affirmation sans citer de chiffres précis et ce d’autant que la direction évoque un très important déficit de l’ordre de 15 Millions d’euros. Qui dit vrai? Que connaissez vous du seuil de rentabilité exigé par molex??<br /> <br /> Je désapprouve l’insulte faite au syndicalisme(chancre du collectivisme) écrite ce jour sur le quotidien précédemment cité par un certain Monsieur Gilles BERARD, je partage par contre ses craintes sur la possibilité de voir des investisseurs industriels s’installer en France plus particulièrement à VILLEMUR <br /> Contrairement à vous je crains fort que la lutte de ce que vous appelez «les molex» soit très préjudiciable aux promesses électorales d’installation d’entreprises sur notre territoire et ce d’autant que le maire et son équipe n’ont pas su tenir leur rang et se sont totalement identifié à cette lutte qui a certainement été pour le maire l’unique occasion de se faire connaître .Triste moyen de se mettre en évidence……….et c’est hélas le seul qu’il ait trouvé à ce jour. J’ai pu constater lors des dernières manifestations de soutien qu'une grande partie de l’équipe semblait se dissocier du maire??<br /> <br /> Je déplore également votre soutien délibéré «aux molex » et votre mépris flagrant pour toutes les villemuriennes et villemuriens victimes de licenciement sans pactole? N’aurait il pas été plus judicieux de créer un comité de soutien pour l’emploi et pas exclusivement pour molex????? Selon que tu sois riche ou misérable……….S'agit il d'une triste réalité que vous approuvez?<br /> <br /> Je ne possède certainement pas votre lyrisme mais un franc parler est parfois tout autant apprécié et je pense que les lectrices et lecteurs comme moi inquiets pour l’avenir de notre commune sauront se manifester car à défaut de sauver molex sauvons VILLEMUR, faisons en sorte de ne pas redevenir.......un village gaulois.
Répondre
G
Belle tirade pour la défense de notre usine Villemurienne lâchement pillée par ses nouveaux propriétaires et je soutiens de tout coeur ce combat,mais cela ressemble aussi très fort à une critique en règle du gouvernement en place qui,quel qu'il soit,et quel que soit le niveau auquel on fait référence,ne se souvient des promesses électorales que lors des campagnes en vue d'être élu malheureusement.
Répondre
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog