Espérance : que reste t-il…
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Et nous voila pensifs, par le doute gagnés
Ne sachant plus vers qui aujourd’hui nous tourner.
Que nous soyons naïfs, trop enclins à subir,
Ou bien plus clairvoyants, vite enclins à rugir.
Beaucoup savent hélas pratiquer en routine
Le langage qui plait, qui bien souvent débine
Tous les prédécesseurs qui ont laissé chagrin
L’électeur désolé qui ne comprend plus rien.
Et nous voila encore roulés dans la farine.
Et pourtant il semblait compatir, réagir
A nos saines colères, nos idées qu’on devine
Toutes ces injustices qui nous poussent à bondir.
Et Il n’était point seul, avait trouvé famille
Qui dans fausse équité entre garçons et filles
Volait à son secours quand manquait l’argument
Nécessaire à contrer notre tempérament.
Loin d’arriver, c’est sûr ; à l’idolâtrerie
Nous avons eu tendance à lui donner sa chance
Sans discerner en lui cet instinct de rouerie
Qui à ce jour en moins fait pencher la balance.
« Vous verrez mes amis, le règne sera sain
Nous avancerons tous, allez, main dans la main
Et pour cette gestion qui n’est point si facile
C’est tout à votre écoute en ces temps difficiles
Que je saurais rester car j’ai de la mémoire
Et je sais qu’à ce poste, je ne pourrai point être
Sans votre volonté de bien vouloir m’y mettre. »
Optant pour l’optimisme nous avons voulu croire
Qu’il pouvait exister cet être visionnaire,
Qui au bonheur de tous pourrait se consacrer,
Sans l’ombre du mépris, se montrer solidaire.
Accueillant volontiers, de toutes parts issues
Et de tous les milieux, les saines avancées
Par d’autres ignorées comme étant saugrenues.
Et soudain, oubliées réunions, commissions…
Nous sommes courroucés et nous sentons dindons.
En termes imagés nous pourrionsmieux décrire
Ce qui pourtant ce jour ne nous porte à sourire.
Et à d’autres niveaux se pose la question.
Sommes nous anormaux ou tout simplement cons ?
Sommes nous donc si sots pour encore ouïr
Ces prétendants qui jurent en visant la fonction
Que c’est à notre écoute et pour notre avenir
Qu’ils s’engagent sur l’honneur à combattre le pire.
Sitôt qu’ils sont en place, les voila tristes sires,
Qui depuis leur palace, tel Raminagrobis
Annoncent au bon peuple, qu’il faut un tour de vis.
Il va devoir encore se serrer la ceinture,
S’il veut de ses enfants préserver le futur.
Faut prendre des mesures, prélever plus d’impôts.
S’attaquer aux petits, surement pas aux gros.
Voyez pas la menace des cyniques grands patrons
Se mettant tous, gageant sur un état poltron,
A transporter ailleurs leurs usines, leurs écus.
Nos sportifs décidés à se plaire vaincus.
Nos vedettes en chœur clamant la Marseillaise
Assurant que fortune pour eux n’est que fadaise.
Pendant que nous, malfrats de la classe moyenne,
Nous ne concevons pas en la situation,
Qu’il faut bien quelque part les trouver les millions.
Une maison, encore un boulot et puis quelques loisirs,
Misérables profiteurs, nous devrions en rougir !
Nos bulletins de vote, comptent-ils pour des prunes ?
Faudra-t-il donc attendre ventres vides, affamés
Pour enfin, nous petits, oser nous révolter,
Comprendre que la crise à bon dos, que les « thunes »
On sait où les trouver mais ma foi on rechigne.
Faudra-t-il donc parbleu emballer la machine
Pour leur faire comprendre, nous petits fantassins
Qu’ils rament, assassins, sur des vagues indignes
Vent debout, tous voguant vers la vague Marine.
Marie-Gabrielle Gimenez