Les retraites : un choix de société.


Par Jean Philippe Tizon

 

Les syndicats, sous l’impulsion notamment de la CFDT et de la CGT, et de « La France d’en bas », entendent pousser le pouvoir vers une retraite sur les enjeux de retraites.  Des millions de citoyens (nes) dans la rue et en face un gouvernement qui, tout en affirmant son soutien au système par répartition, gangrène le dit système. Paradoxe ? Incompréhension ? Stratégie de la terre brûlée ? Derrière les chiffres, les propositions et les attitudes, des uns et des autres, se cache indubitablement une bataille majeure : celle d’un choix de société. 

Les retraites deviennent donc un enjeu sociétal majeur. Elles se situent à la fracture sismique entre un projet ultra libéral (au sens économico-idéologique) et celui d’un modèle social-républicain à la française. D’un côté, le modèle demeure celui d’un G.W. Bush junior avec un marché (dé)régulateur accompagné par une recherche de profitabilité maximum afin de satisfaire une minorité d’actionnaires « argentivores ». De l’autre, le principe issu du Conseil National de la Résistance de mettre l’humain au centre du processus de développement avec un concept de mutualisation entre les actifs et les « inactifs ». Ainsi, la  Sécurité Sociale avec ses trois caisses (santé, retraite, allocations familiales), socle d’une modernité sociale et économique, demeure plus de  60 ans après le symbole, certes anémié, de cet état d’esprit.

Les syndicalistes, toutes tendances confondues, mettent le doigt sur ces enjeux mais aussi soulèvent une dimension d’ordre moral. Guy Pavant, ancien leader de la CGT chez Molex, l’exprime à sa façon lors du concert de solidarité « Ici et ailleurs,  les riches sont plus riches, les entreprises ferment et se délocalisent, nous les travailleurs créateurs de richesses subissons la double peine : le chômage et une retraite amputée. Ce n’est plus tolérable» Celui qui mène un combat moral face aux pratiques scandaleuses de l’entreprise américaine cite la revue Challenge du mois d’Août les « 500 plus grosses fortunes françaises se partagent 319 milliards d’euros soit 1,28 fois le budget de la Nation. L’argent existe ». Chez les jeunes l’inquiétude pointe aussi. Anaïs 21 ans, étudiante en troisième année de langue, navigue entre pessimisme et colère : «  au rythme des réformes menées nous ne sommes pas sûr d’avoir une retraite. D’ailleurs, quand je vois le nombre de copains possédant des masters voire des doctorats galérer comme ils galèrent, je me demande quel est donc le pays qui peut se permettre un tel gâchis ? Alors les retraites… ? » .

Bien entendu, se posent des enjeux structurels notamment le différentiel à venir entre le nombre d’actifs et les papys boomers ou le chômage de masse. En fait, ce ne sont pas tant les enjeux structurels que les réponses apportées qui posent problèmes. Les recettes de la Sécu représentent 360 milliards soit presque 1,5 fois le budget de l’Etat. Une manne financière importante qui ouvre l’appétit des amis assureurs du Président actuel. En fait, soit la protection sociale continue par étapes à être privatisée et nous tendrons vers un modèle anglo-saxon inique, soit le Capital et ses dérivatifs cotisent au même taux que les salariés- le tout accompagné par une fiscalité dissuasive pour les délocalisations- et nous développerons un nouveau modèle social et économique au service de l’humain.

 

Dans une déclaration l’ACO (Action Catholique Ouvrière) le souligne « La retraite par répartition repose sur une vision solidaire de la société : les actifs payent des cotisations qui sont réparties entre les retraités. Cette répartition a pour résultat un transfert du pouvoir d'achat entre générations. Elle repose sur une conception du travail au service de l’Homme ». Il nous faut donc de nouveau aujourd’hui choisir en conscience : servir l’Humanité ou l’argent ?

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E
<br /> Bonsoir Monsieur Tizon,<br /> <br /> A titre personnel je suis pour une réforme mais pas cette réforme, soyons honnête le système va mal, il faut le changer !<br /> Moi je veux bien que l'on ampute les retraites, mais en premier celles de nos dirigeants et hauts fonctionnaires qui non seulement ont un train de vie couteux aux contribuables lors de leur mandats<br /> mais encore des retraites à un niveau de rémunération qui ferait rêver plus d’un travailleur en activité dont le salaire n’atteint que rarement un niveau suffisant pour vivre de manière honorable<br /> !<br /> Comment demander à ces derniers encore des efforts sans que ceux en haut ne fasse de leur coté la moindre concession ?<br /> Puis pour la jeune Anaïs je dois dire que je comprends ces inquiétudes, car à titre personnel je n’ai aucun espoir de retraite même étant plus âgé !<br /> <br /> Mais n’oublions pas que nous avons à la tête de l’état un homme qui écoute ses compatriotes, calmes et serein en toute circonstances (casses toi pauv’ con) et qui montre toujours l’exemple (salaire<br /> doublé, Jean Sarkozy à l’EPAD) à ses électeurs car la réussite doit être lié au mérite et non aux avantages de position !<br /> <br /> Je reste donc très confiant dans l’ouverture que notre bien aimé président offrira au dialogue social !<br /> <br /> Sur ce bon courage !!<br /> <br /> <br />
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