UTOPIE OU REALISME ?

Echanges sur l’article  «  faut-il aussi expulser M Valls ? »

 

Madame,

Je viens de consulter votre commentaire avec un grand intérêt. Je vous conseille fortement  de relire l’article y compris les renvois. Il apporte pour partie les pistes de réponses –y compris chiffrées- à vos interrogations. Par contre, je reviens sur deux mots essentiels sur lesquels s’articule votre réaction. Les mots « utopie » et «  réalisme ».

Il demeure intéressant tout d’abord de remarquer que ces mots utilisés par la droite et une partie du PS sont des outils « psychologiques » ayant pour objectifs de faire clore tout débat en essayant de  disqualifier les empêcheurs de penser en rond. L’objectif reste de transformer ces deux mots en « mots verrous » dans la tête de la plupart des quidams. Ainsi, les esprits peu habitués à toute forme de dialectique ne prêteront plus attention à ce qui est dit ou écrit puisque leur esprit se ferme automatiquement à l’évocation de ces termes.

Il est aussi captivant (au sens anthropologique ou sociologique) de constater l’utilisation de ce vocabulaire,  marqueur idéologique s’il en est, par le citoyen, le militant, le lecteur, etc. Le premier constat ne peut que souligner la pression idéologique dominante  à laquelle chacun d’entre nous est soumis. Le second indique que nos cerveaux avalent des « vérités » au quotidien, ce sans plus de sens critique. Le troisième pointe la faiblesse de nos esprits qui acceptent pour paradigme des vérités qui n’en sont pas.

Ceci dit. Il est important de rétablir certains aspects. Ainsi l’Utopie peut être réaliste à la condition de construire une dynamique de tendre vers tel ou tel changement. Le philosophe Paul Ricœur établit –presque scientifiquement- les différentes strates de corrélations entre utopies et idéologies. (Voir « L’IDEOLOGIE ET L’UTOPIE » chez Seuil). A propos du réalisme, dans notre  conteste, il a vocation d’idéologisme. Le réalisme dans nos sociétés se veut l’idéologie du renoncement. Ainsi le réalisme devient une utopie noire (utopie au sens de la pensée de Ricœur)

Posons-nous les questions suivantes :

Réaliste ou utopique de fermer des classes d’école ?

Réaliste ou utopique la lutte par les parents, les citoyens contre de telles fermetures y compris à Villemur ?

Réaliste ou utopique de vouloir lutter pour ou contre la financiarisation de la planète ?

Réaliste ou utopique de privatiser ou de communiser par exemple le ramassage des ordures ménagères dans une communauté de communes ?

Réaliste ou utopique la fermeture de l’usine villemurienne par Molex ?

Réaliste ou utopique la lutte des salariés (es) « Molex »  pour empêcher une telle décision ?

Réaliste ou utopique de refuser ou d’imposer le traité européen élaboré par Mme Merkel et Monsieur Sarkozy ? Etc.  .

Le réalisme et/ou l’utopie, vous l’aurez compris, sont des outils d’une pensée complexe mais dont la réduction conduit inéluctablement vers une pensée figée et la construction de stéréotypes terriblement simplistes. L’unique finalité de cette simplification est d’imposer une idéologie dominante brinquebalante  comme seule vérité.

Enfin pour conclure sur l’immigration, faut-il rappeler que le monde occidental consomme les deux tiers des richesses de la planète ? Qu’il faudrait à l’humanité trois planètes pour vivre comme des Français et   nettement plus pour vivre comme des Etats-Uniens ? Par conséquent, le véritable problème de l’immigration reste d’abord celui de la répartition équitable des richesses existantes de la planète. Utopie et/ou Réalisme ?

Nous pourrions développer des heures ces notions. Les débats d’idées et de valeurs restent ouverts et je suis heureux que vous y participiez activement pour tendre, à notre niveau,  vers une société meilleure. Penser est déjà une action.

 

Jean Philippe Tizon

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